WEITERSWILLER

La baronnie de Fleckenstein et les seigneurs de Weiterswiller

Chateau

Le chateau de Fleckensein reconstitué par Christophe Carmona.

Quelques vestiges de l'appartenance de Weiterswiller à la Seigneurie de Fleckenstein ont survécu à la disparition du l'Ancien Régime et aux attaques du temps. Ainsi le promeneur attentif découvrira dans le village un cadran solaire aux armes des Fleckenstein-Dagstul sur un mur de la maison Engel et retrouvera ces mêmes armes au dessus d'un portail dans l'église ancienne.
L'église abrite les quatre monuments funéraires des frères Henri, Jean et Georges de Fleckenstein-Dagstul qui introduisirent la Réforme à Weiterswiller et de Louis, fils de Georges. Le monument de Henri, de style renaissance, richement décoré, est situé à l'arrière de la chaire. Les trois autres sont deux dalles et une stèle encastrées dans les murs du choeur et de la nef.

La famille de Fleckenstein

Citée à l'occasion d'une donation faite au couvent de Walbourg, la famille de Fleckenstein apparaît en Alsace au début du XIIe siècle. Elle est alors au service des empereurs Hohenstaufen.
Les Fleckenstein tiraient leur nom d'un rocher de grès qui s'élève au nord de l'Alsace dans la forêt de Lembach, sur les bords de la Sauer. Les seigneurs y avaient édifié à même le roc un château-fort dont les restes témoignent de l'aspect formidable et quelque peu fantastique qu'il dut avoir avant d'être ruiné en 1680 par Monclar.
Weiterswiller était rattaché à la seigneurie de Fleckenstein dès le XIVe siècle comme le montrent les plus anciens documents écrits se rapportant au village.
Au XIIIe siècle la famille se scinda en trois branches. Le nom de Dagstul fut associé à l'une d'elles lorsque par suite de l'extinction de cette famille, la baronnie de Dagstul, située entre Sarrebruck et Trèves, passa aux Fleckentein apparentés.

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Armoiries des Fleckenstein
 

Les Fleckenstein-Dagstul

C'est en 1365, à l'occasion du partage de la succession d'Henri de Fleckenstein dit le vieux , dernier représentant de la branche aînée, que le fief de Weiterswiller passa à Henri le jeune, baron de Dagstul.
La Seigneurie de Fleckenstein était un fief de l'Empire, considéré comme masculin, c'est-à-dire exclusivement transmissible aux héritiers mâles.
Cependant les biens que les seigneurs successifs acquirent dans le village et qui leur appartenaient en toute propriété étaient allodiaux donc transmissibles quel que soit le sexe des héritiers ainsi que les revenus de la prémissairie et le droit de dîme que les sires de Fleckenstein rachetèrent au chapitre de Neuwiller en 1547 devenant ainsi décimateurs du ban. Le dernier des Fleckenstein-Dagstul, George II, disparut en 1644, peu avant la fin de la Guerre de Trente ans. Cette guerre qui ravagea l'Europe du nord n'avait pas épargné Weiterswiller ; le château qui servit longtemps de résidence aux Fleckenstein était ruiné et la population décimée, autant par la guerre que par ses conséquences : épidémies, pillages, exils.

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Armoiries des Fleckenstein Dagstul
 

Les Fleckenstein-Soultz

George II étant mort sans héritier, la seigneurie passa à la branche des Fleckenstein-Soultz en la personne de Jacques IV, qui avait déjà commencé à la gouverner. Le traité de Westphalie, signé en 1648, en mettant fin à la Guerre de Trente ans avait instauré en Alsace un ordre nouveau où les fiefs d'Empire avaient été cédés comme tels à la couronne de France. Les Fleckenstein étaient devenus vassaux du Roi, mais en 1675, acceptant mal l'occupation de l'Alsace par les troupes de Louis XIV, ils choisirent l'exil jusqu'au traité de Ryswick en 1697.
Henri-Jacques, fils de Jacques IV, fut le dernier seigneur de Weiterswiller de la dynastie des Fleckenstein. Son fils unique étant mort jeune, le prince Hercule Mériadec de Rohan-Soubise obtint en 1706 par lettres patentes l'expectative de la baronnie.
De nouvelles lettres patentes d'investiture simultanée lui permirent de devenir en 1712 copropriétaire du fief, sans cependant pouvoir en jouir dans l'immédiat. Pour sa part, Henri-Jacques de Fleckenstein avait demandé et obtenu en 1716 du Conseil d'Etat que ses biens allodiaux héréditaires soient distingués de ses fiefs.

Les Rohan et les Gayling

A la mort d'Henri-Jacques de Fleckenstein, survenue en 1720 à l'âge de 84 ans, la possession du fief passa aux Rohan-Soubise tandis que les biens allodiaux héréditaires furent transmis à ses filles. A Weiterswiller, il s'agissait des revenus de la dîme et de deux corps de biens, le Frümessgut et le Lutzelburgergut, dont la propriété, d'abord indivise, revint bientôt à la famille des Gayling d'Altheim.
Les Rohan se sont succédés comme possesseurs du fief jusqu'à la Révolution, d'abord la branche des Rohan-Soubise puis celle des Rohan-Guéméné. Le dernier titulaire de la baronnie de Fleckenstein et dernier seigneur de Weiterswiller fut le prince Louis Marie de Rohan-Guéméné qui émigra au début de la Révolution. En vertu des lois de la République, ses possessions, déclarées biens nationaux, furent mises sous séquestre. Jacques Schunck, agent national de la commune en acquit la partie soumissionnable (ruines du château, terres labourables, prairies, étangs, etc.), la forêt, non soumissionnable, étant administrée au profit de la Nation.

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Armoiries des Gayling d'Altheim
 

A la Restauration la loi de restitution de leurs biens aux émigrés rendit aux Rohan la forêt, que le prince Jules Armand Louis vendit en 1831 à trois particuliers dont François Antoine Feyler, percepteur à Neuwiller. Un très long procès entre la commune, la préfecture et les acquéreurs s'ensuivit, conclu en 1838 par un arrêt de la cour de cassation au profit des acquéreurs.
Les propriétés des Gayling, mises en vente par Chrétien-Henri de Gayling en 1800, furent également l'objet d'un procès entre Chrétien-Henri de Gayling, le vendeur, et deux groupes d'acheteurs représentés respectivement par Louis Singer, le maire de la commune, et par Jacques Schunck. A l'issue de trois jugements et d'autant d'appels devant la cour de Colmar, Jacques Schunck et ses associés furent déclarés acquéreurs légitimes des biens, qu'ils se partagèrent.

 

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François SCHUNCK - décembre 2007
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