Les décrottoirs, aussi appelés gratte-pieds, sont des objets métalliques qui servaient autrefois à débarasser les semelles des souliers ou des sabots de la boue ou des immondices avant de franchir le seuil d'une maison. On les trouvait près de la porte d'entrée, au bas des escaliers lorsqu'il y en avait.
Aux époques où les rues des villes et des villages étaient de terre battue, quasiment toutes les maisons en possédaient un, bien utile par temps de pluie. Ils ont perdu leur utilité lorsque le goudronnage des rues et l'apparition des trottoirs eurent raison de la boue.
Puis, petit à petit, ils ont disparu au rythme des ravalements des façades dans les villes et des restaurations des maisons à la campagne. On les a oubliés, au point que certains, lorsqu'ils en rencontrent un, se demandent à quoi peut bien servir ce curieux objet.
Fondeurs, ferronniers et forgerons ont donné aux décrottoirs qu'ils fabriquaient des formes très différentes, agrémentées ou non de motifs décoratifs.
En ville ils sont souvent très travaillés : les citadins veulent « paraître » aux yeux des voisins... A la campagne, ils sont rustiques mais surtout robustes et fonctionnels : c'est ce qui importe aux cultivateurs.
Les décrottoirs du village, certainement très nombreux jadis, n'ont pas tous disparu. Dix-sept d'entre eux ont été retrouvés par Catherine et Robert Ehret, ma soeur et mon beau-frère, que je remercie d'avoir bien voulu consacrer du temps à cette recherche pendant les « déplacements brefs dans la limite d'une heure quotidienne et dans un rayon maximal d'un km autour de leur domicile » qu'autorise le confinement actuel...
Ces décrottoirs ont probablement été fabriqués par les forgerons du village : Charles Baltzer (1853-1923), Frédéric Baltzer (1861-1946), Frédéric Baltzer (1887-1928), Pierre Stutzmann (1878-1958), Georges Stutzmann (1907-1988) et émile Bieber (1907-1994). Le décrottoir n° 4 qui est en fonte provient, lui, d'un fondeur.
En alsacien décrottoir se dit Schuekratzer ou s'kratsizé. Merci à Albert Kister et André Bergmann pour leur aide précieuse. Les mots, comme les objets, disparaissent lorsqu'on ne s'en sert plus.
Décrottoir n° 1 - 12, rue de la Wantzenau
Décrottoir très simple, constitué d'une lame droite boulonnée sur une barre métallique au niveau de la première marche de l'escalier. En bon état, non orné.
Décrottoir n° 2 - 6, rue de la Wantzenau
Encore une lame droite, ici scellée directement sur la première marche de l'escalier. En assez bon état, non orné.
Décrottoir n° 3 - 4, rue des Remparts
Là encore, la lame droite est scellée directement sur la première marche de l'escalier. Les extrémités supérieures des tiges de fixation sont spiralées. L'une d'elles est tordue. Si le décrottoir est en assez bon état, on ne peut malheureusement pas en dire autant de la maison....
Décrottoir n° 4 - 45, rue principale
Ce décrottoir est scellée sur une pierre, au niveau de la première marche de l'escalier. Il est très différent des autres car il est en fonte et bien orné. En très bon état.
Décrottoir n° 5 - 2, rue des Roses
Ce décrottoir est fixé sur la première marche de l'escalier. La rambarde de bois ajoutée plus tard en rend l'usage difficile. Non orné. En bon état.
Rue principale
Décrottoir n° 6 - 5 rue des Marais
La lame du décrottoir est scellée directement sur le mur de la façade. La barre qui assure le point de fixation au sol est spiralée. Cette maison ayant été celle du forgeron Bieber, il est possible qu'il ait fabriqué lui-même ce décrottoir. En très bon état.
Décrottoir n° 7 - 13 rue principale
Le décrottoir de l'ancien presbytère catholique est le plus simple qui soit : une lame de fer directement fixée au sol. état médiocre. Ce décrottoir, à moitié enterré dans la chappe de ciment qui l'entoure, pourrait disparaître dans un avenir proche...
Décrottoir n° 8 - 1 rue principale
Ce décrottoir est fixé par deux barres spiralées sur la première marche de l'escalier. Bon état.
Décrottoir n° 9 - 10 rue des garçons
Ce décrottoir est intégré à la rampe de l'escalier dont il constitue la base fixée sur la première marche de l'escalier. Très bon état.
Décrottoir n° 10 - Château d'eau
Ce décrottoir est scellé sur la façade du château d'eau, à droite de la marche. Le château d'eau datant des années cinquante, il s'agit d'un exemple rare de décrottoirs posé après-guerre. Très bon état.
Décrottoir n° 11 - Sacristie de l'église catholique
Ce décrottoir est scellé par une extrémité sur la façade de l'église, par l'autre à la marche de l'escalier. Bon état.
Décrottoirs n° 12 et 13 - Porche de l'église catholique
Ces deux décrottoirs, identiques à celui de la sacristie, sont situés de part et d'autre du porche de l'église. Très bon état.
Décrottoir n° 14 - Synagogue
Ce décrottoir est scellé sur la façade de la synagogue à droite de la porte d'entrée. Il est menacé par le bitume dont les couches successives élévent le niveau du sol. Il semble qu'il ait été scellé à l'envers : la partie supérieure de la lame ne devrait pas comporter l'ergot central. Assez bon état.
Décrottoir n° 15 - 2, rue des Bonnes Gens
Ce décrottoir très robuste est scellé sur la première marche de l'escalier. Il est en très bon état, contrairement à la marche dont la surface se dégrade.
Décrottoirs n° 16 et 17 - Maison forestière
Ces deux décrottoirs dont un seul est reproduit ici, sont identiques et très simples puisqu'il s'agit d'une simple lame. Ils sont situés au bas des deux escaliers jumeaux de la maison forestière et sont en excellent état.
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François SCHUNCK - décembre 2007
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